Ennui. Détestable sentiment qui s'emparait peu à peu du jeune Narcisse. Il aurait pu faire le devoir de métamorphoses qu'il avait eu la veille, mais franchement, il avait autre chose à faire de son samedi après-midi. Et puis, il allait bien trouver quelqu'un pour le faire à sa place, ou l'aider... Pas qu'il ait besoin d'aide, ou pas vraiment. Mais c'était surtout qu'il n'avait aucune envie de se casser la tête sur un devoir qui n'en valait pas la peine, d'après lui. Ouais, il trouverait quelqu'un. Parce que bon, l'air de rien et malgré son caractère particulièrement détestable, il était tout de même apprécié par un certain nombre de personnes. Et, pour les rares inconscients qui ne le connaissaient pas encore, il pouvait très bien user de sa jolie petite gueule pour se donner des airs angéliques et faire véritablement semblant de ne pas comprendre. Bon, en général, son physique avantageux et sa popularité insoupçonnée, sans même parler de ses fêtes légendaires, lui permettaient de réussir à trouver des gens pour faire ses devoirs à sa place sans même user de la carte " mais je comprend rien !" qu'il n'aimait pas du tout. En effet, Dyo ne supportait pas qu'on puisse croire qu'il fut incapable de faire une chose ou l'autre. Bref, il avait encore tout son temps pour faire ses devoirs ou chercher quelqu'un pour les faire à sa place.

Il avait joué de la basse une bonne partie de la matinée. Certes, il ne s'en lassait pas, certes il se trouvait plus classe que jamais avec cet instrument entre les mains, mais bon... Il n'avait pas envie de continuer. En plus, il n'avait prévu aucune fête pour ce week-end. Il aurait dû. Ses amis ? Occupés. Certains en colle - quand il leur avait dit que ce n'était pas une bonne idée de faire remarquer que le prof avait mis sa cape à l'envers ! -, d'autres à faire le même devoir de métamorphose qu'il avait rejeté de toutes les forces de son esprit. Tout ça parce qu'il est plutôt dur et bla bla bla. L'égocentrique se retrouvait ainsi seul, basse sur le dos, à errer dans les couloirs du château. Il avait beau chercher, il ne voyait pas la moindre idée pour s'amuser un peu. Et c'est au bout de la deuxième ou troisième fois qu'il passa à l'étage de la bibliothèque qu'il se mit en tête d'y aller. C'est donc avec ses gestes emplis d'une grâce aristocratique et sa démarche princière qu'il alla installer ses affaires - sa basse, quoi- à une table. Il s'assit un instant, jusqu'à ce que les regards qui s'étaient invariablement tournés vers sa personne se recentrent sur les petites affaires de leurs propriétaires.

Bien. Qu'allait-il bien pouvoir faire ? C'était à cela qu'il songeait alors qu'il se baladait, l'air tranquille et la démarche toujours aussi classe - si au départ elle avait été calculée, c'était désormais un réflexe chez lui - entre les rayonnages de livres. Il avisa une mignonne petite première année, deuxième peut-être, en train de lire. Pas de sa maison. Il s'assit donc face à elle et l'observa, et ce jusqu'à ce qu'elle daigne bien lever les yeux de son livre. Elle ne le connaissait visiblement pas et rougit alors qu'il lui adressa un sourire éclatant. Le comble fut quand il lui déclara qu'il la trouvait tout à fait mignonne. Elle balbutia des remerciements et son sourire s'élargit, satisfait de la troubler autant. Son charme faisait toujours autant de ravages... Finalement, il se lassa bien vite de cette demoiselle et s'excusa auprès d'elle de devoir s'en aller, se déclarant ravi de l'avoir rencontrée. Bobard, mais quand il disait cela avec un grand sourire et que la sincérité miroitait dans son regard, comment ne pas le croire ? Bref, du coup, il se releva, récupéra sa basse là où il l'avait abandonnée un peu plus tôt et recommença à se balader dans la bibliothèque, ne sachant pas vraiment ce qu'il pourrait bien faire.

Cet endroit était décidément bien trop calme. Et Narcisse détestait le calme. Il allait bien trouver une solution... Ouais, voilà. L'idée lui vint alors qu'il glissait la main dans sa poche. Il avait quelques petites choses qui lui permettraient de jouer les troubles-fêtes - si tant est que l'on pourrait considérer la bibliothèque comme un lieu de fête, chose bien discutable, surtout du point de vue de Dyo. Donc, il fit mine de prendre quelques livres pour en consulter les titres, de les ouvrir pour voir si ce qui l'intéressait y était, bref, de jouer les élèves modèles. En réalité, il prenait volontairement les plus susceptibles d'être consultés pour déposer quelque chose juste devant... Vous ne tarderez pas à le savoir, je vous assure. Ensuite, il déposa une fausse araignée, énorme, qui donnait bien entendu l'impression d'être réelle, au sol. Puis, tranquillement, il s'assit et fit semblant de lire, après avoir lancé la marche de son araignée à l'aide d'un petit sortilège. Bientôt, un bruit formidable surgit d'une étagère non loin : vous voyez les claque-doigts ? Imaginez vous leur bruit en beaucoup, beaucoup plus fort dans une bibliothèque silencieuse. Oui, c'était des claques-doigts ensorcelés qu'il avait déposé devant les livres les plus susceptibles d'être consultés : et comme il fallait tirer le livre en le faisant glisser sur l'étagère, il était certain que ses farces allaient finir par porter leurs fruits. Bien entendu, il n'avait rien fait et lisait innocemment. C'était pareil pour le cri qu'il entendit et jugea dû à la présence de la fausse araignée : et s'il esquissait un sourire satisfait, ce n'était pas parce qu'il avait tout a fait troublé le calme de la bibliothèque, mais juste parce que le héros de son roman avait réussi à se tirer d'une situation impossible... Si si, je vous assure !

Qu’est-ce qui peut être pire que de passé un samedi après-midi, seule, entourée de bouquins tous plus ennuyants les uns que les autres ?
Jayce se le demandait. Pourquoi avait-elle attendu si longtemps pour faire son devoir d’ Histoire de la Magie. Il ne lui restait plus qu’à prendre son courage à deux mains, quoique, quatre ne seraient pas refusable vu le sujet. : « En quoi l’émancipation des Elfes de maisons prouvent que nous avons évolués vers une nouvelle aire ». Encore une de ces questions qui ne vous seront d’aucune utilités une fois en dehors de Poudlard. Sauf si vous désirez vous marier à un Elfes de maisons et en foutre plein la vue à votre future belle-famille. Mouais, ça reste à voir.

Après s’être installé sur une table perdue entre les rayonnages, sa table préférée. A cette place personne ne pouvait vous voir en revanche, vous pouvez observer la foule. Non pas que ce soit une occupation habituelle à Jayce, mais les élèves de premières années offrent souvent un spectacle amusant. Entre les petits qui ne peuvent pas atteindre un grimoire ou les gauches qui les font tous tomber, Jayce ne serait choisir son préféré. Elle sortit ses affaires et essaya de faire le point sur ses idées, lorsqu’elle entendit un cri strident. Une élève de troisième année était complètement pétrifiée face à une araignée noire et velue. Jayce sourit, enfin une roue de secours. Elle sortit de son coin et pétrifia l’animal. Elle regarda la troisième année qui reprenait petit-à-petit des couleurs, puis s’étend recoiffé, celle-ci lui adressa un bref merci et partie rejoindre son groupe de copine qui pouffait en la voyant arriver. Jayce regarda un moment le groupe puis se rappelant qu’elle avait un devoir un rendre, elle reprit la direction de sa cachette lorsqu’elle entendit un léger « pfuuuut ». Elle se sentit rougir, elle n’avait rien mangé de suspect pourtant, mais elle sentit bien vite une sensation étrange sous sa ballerine. Ainsi, lorsqu’elle souleva sa ballerine, elle fut surprise de trouvé l’araignée qu’elle avait écrasé se gonfler d’air puis se dégonfler tout en lâchant son étrange « pfuuuut », tel un ballon de baudruche.

Jayce - Oh, toi tu n’es surement pas une véritable araignée, ou je m’appelle Norbert.

Elle tenait maintenant le jouet entre ses mains lorsqu’elle aperçut le visage de Narcisse O’Maley, un élève de sa maison en cinquième année, aussi prétencieux qu'un paon et qui cherchait en vain à attirer l'attention de la jeune fille. Il souriait tout en lisant un livre. Jayce le fixa un moment. Faire son devoir ou s’amuser avec les sentiments d’un pauvre gamin ?
Elle n’avait décidemment pas envie de faire son élève studieuse, et s’avança vers la table du jeune Serpentard tout en gardant le jouet entre ses mains. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, celle-ci renvoyant l’objet du déli au garçon.

Jayce - Je crois que tu as oublié ça !

Mais quel abruti, ce Wyl ! Il avait trouvé en la personne de Valentyna sa raison de vivre, d’oublier son ennemi, il avait trouvé l’amour… Oui, Narcisse était plongé dans son livre. L’amour, quelle plaisanterie face à la haine… Il savait. Il savait qu’il allait perdre sa reine s’il tentait de se venger, il se doutait qu’elle allait l’arrêter, qu’on ne le laisserait pas tuer son ennemi. Le combat n’était censé être qu’une distraction, arrêtée au premier sang. Et lui il comptait tuer son adversaire. Mise à mort. C’était une très mauvaise idée s’il voulait conserver son amour. Et il le faisait quand même. Il voulait détruire sa vie par la haine, mourir s’il le fallait tant qu’il tiendrait sa vengeance. Oui, la haine était, aux yeux de Narcisse, un sentiment bien plus fort que l’amour. Et ce livre qui le passionnait ne le contredisait pas. Néanmoins, le héros l’agaçait plus que tout à cet instant : mais quel abruti… Il AIMAIT, lui. Et il sacrifiait ce sentiment pour une vengeance ! Bon, déjà que Narcisse le trouvait un peu stupide de tomber dans un amour aussi inconditionnel, si en plus il fallait qu’il sacrifie tout cela, c’était trop étrange. Il fallait qu’il sache comment Wyl allait se sortir de ce mauvais pas, s’il allait bel et bien sacrifier son amour ou si quelqu’un ou quelque chose lui ferait entendre raison… L’agitation qu’il avait causée un peu plus tôt ne l’intéressait déjà plus. Les hurlements causés par son araignée avaient cessés et les claquements s’espaçaient trop, jusqu’à devenir des bruits aussi aléatoires que banals. Maintenant qu’il s’était un peu distrait aux dépends des autres, seul son livre le passionnait.

C’est pourquoi il fut plutôt mécontent qu’on l’interrompe. Il avait cette capacité à être tout à fait plongé dans une tâche tout en étant parfaitement capable d’avoir conscience de ce qu’il y avait autour de lui – très important en tant qu’organisateur de fêtes. Aussi quand Jayce lui renvoya sa fausse araignée, il la rattrapa au vol, avec un geste fluide et empreint d’une grande classe, de celle dont il s’acharnait à marquer tout ses gestes. Un sourire arrogant se dessina sur ses lèvres. Comment ça, c’était à lui ? Il reposa l’objet du crime sur la table derrière laquelle il s’était installé. On accusait les gens sans preuve, Jayce ? Certes, il était le coupable idéal aux yeux des autres élèves : connu pour son côté festif et déconneur, il était parfaitement du genre à faire des blagues stupides pour se distraire. Mais bien entendu, s’il avouait devant des personnes qui ne lui étaient pas très proches comme Jayce, il se pouvait qu’il se retrouve collé, chose qu’il préférait éviter. Son sourire aussi séduisant que prétentieux sur les lèvres, il s’empara donc de la parole.

« Ce n’est pas à moi, tu dois faire erreur. »

Et Ô comble de l’attitude désinvolte, désintéressée et agaçante à la fois, il se remit à sa lecture. Pardon ? Oui, d’habitude, il courrait un peu derrière elle, aux vues extérieures. Il tentait d’attirer son attention, par tous les moyens. Mais il venait de se dire que justement, s’il l’ignorait soudainement, qu’il jouait l’indifférence, peut-être que cela fonctionnerait mieux. Il verrait bien.